samedi 11 octobre 2008

Naissance des pieuvres

Premier long-métrage de Céline Sciamma, Naissance des pieuvres est une vraie perle. Ce qui est extraordinaire dans ce film, ce n'est pas son scénario: au contraire, celui-ci n'a rien de particulièrement original, ni de spécialement génial. L'été de leurs quinze ans, Floriane, Marie et Anne (respectivement Adèle Haenel, Pauline Acquart et Louise Blachère) découvrent l'amour et tout ce qui s'ensuit. Banal, me direz-vous. Sauf que sur ce scénario banal se déploie un film très beau, très maîtrisé, et qui ne tombe pas dans les clichés du teenager-movie à la American Pie.

Il y a, tout d'abord, la BO, signée Para One. Une musique très douce, un brin mélancolique et légère à la fois, relativement dépouillée. Vous pouvez en écouter quelques morceaux sur le MySpace du film. Ces nappes de synthé claires et lentes, un vrai délice.

Il y a, ensuite, les couleurs et la photographie. Le bleu froid et distant de l'eau où évolue l'équipe de natation synchronisée de Floriane. Le rouge brûlant du maillot de bain de cette même Floriane, ou de son rouge à lèvres: Floriane attisera, pendant tout le film, les passions. Le bleu et le rouge, la glace et le feu, reviennent tout au long du film, avec une maîtrise totale de la part de Céline Sciamma. La photographie, dans le film, est toujours parfaite: des plans idéalement cadrés, des travellings lents et précis, jamais une image en trop. Jamais on n'a l'impression que le caméraman joue au hasard avec le bouton de zoom, ni qu'il subit une brusque crise de Parkinson.

Il y a, enfin, la justesse du jeu d'acteurs (mais surtout d'actrices) et des dialogues. Un jeu simple, sans artifices, sans excès grotesques. Ce que les dialogues ont de remarquable, c'est leur modestie: pas de hurlements inaudibles, pas d'excès de paroles: les dialogues sonnent juste, et ne tombent pas dans une caricature grossière de l'adolescence. Mieux encore: Céline Sciamma a su écrire des dialogues pleins d'humour sans être ridicules, et ménager des moments plus «dramatiques» qui ne soient pas bassement théâtraux (dans le mauvais sens du terme). Chose ô combien difficile quand on écrit le scénario de ce qui aurait pu n'être qu'un nouveau teenager-movie «à la française» (il suffit de voir les dialogues ridicules de Plus belle la vie pour se convaincre que les scénaristes français ne savent pas écrire des dialogues qui tiennent la route).

Le résultat de tout cela est un film touchant, drôle, beau, simple — dans le bon sens du terme: à aucun moment le film n'est prétentieux ou moralisateur —, en somme un film à voir et à revoir, parce qu'on ne se lasse pas d'être émerveillé par toute la tendresse (oui, c'est Pi qui écrit ça) qui se manifeste à l'écran.

1 commentaire:

Reppley a dit…

J'ai bien envie de voir ce film. Je crois qu'il passe sur canal + cette semaine.
Il ne faut pas que je le rate.

En tout cas je suis entrain d'écouter la BO et elle est vraiment magnifique.