dimanche 12 octobre 2008

Body of Lies



Body of Lies, c'est la rencontre de titans de l'industrie cinématographique. D'une part, le renommé Ridley Scott ("Blade Runner", "Alien" et plus récemment "American Gangster"), d'autre part William Monahan, un scénariste en vogue depuis qu'il a reçu l'Oscar pour le dernier Scorsese, "The Departed". Et derrière l'écran, pas moins que Leonardio DiCaprio et Russell Crowe, deux acteurs reconnus pour être intenses, appréciés des dames et avouons-le, très bons.


Le scénario prend racine au Moyen-Orient, en Irak actuel, avec Saddam pendu, et les Américains partout. Puis, on apprend qu'une cellule terroriste fait sauter diverses cibles européennes. On y rencontre Ferris (DiCaprio), un jeune agent qui se charge des tâches ingrates du gouvernement, dirigé par un bureaucrate de la CIA grassouillet, Hoffman, interprété par Crowe. On comprend rapidement où nous mènera le scénario: au plus profond de la guerre aux terroristes, nous trimballant tantôt en Jordanie, tantôt aux États-Unis, puis parfois en Irak. Toute l'histoire est suivie par l'oeil téléscopique des satellites, des cieux, et Scott nous fait bel et bien sentir deux choses: nous n'avons plus de liberté, et cette guerre est sale, corrompue, avilissante (merci de nous en aviser, M. Scott). Dans "Body of Lies", on n'hésite pas à sacrifier un informateur, à en torturer un autre ou à impliquer un innocent.


Alors, qu'est-ce que ça donne, en bout de ligne? Un Ridley Scott, c'est à dire un film de plus de deux heures, qui, comme la grande majorité des Ridley Scott, n'a pas vraiment de prologue, ni d'épilogue. On ne sait pas vraiment où il nous emmène, si ce n'est au coeur de la guerre, et encore là, il vient l'entrecroîser avec une histoire d'amourette très peu crédible et ennuyeuse, qui ne vient que mêler le spectateur. Les plans sont tantôt superbes, tantôt malhabiles. Les acteurs, connaissant leurs potentiels, sont relativement faibles, et même la transformation totale de Russell Crowe d'étalon à gros américain de la classe moyenne n'enrichit pas le personnage; en fait, Crowe est carrément sous-exploité et en tentant de rendre un personnage si peu présent aussi complexe (du genre: il n'y a ni bien, ni mal, que le pays), on à l'impression que le travail fut bâclé, mais ça on le doit sûrement à Monahan, qu'on croyait pourtant habile avec de telles distinctions. Peut-être étais-ce simplement le scénario de "Infernal Affairs", dont "The Departed" est un remake qui était clair, ou Scorsese qui était... Scorsese.


Alliant une histoire mal ficellée, une intrigue quasiment inexistante tellement elle est entrecoupée de sous-missions et de de la difficulté d'être un blanc voulant se tapper une jordanienne en pleine Jordanie, et des acteurs mal exploités, exception faite de Mark Strong ("Stardust") dans le rôle d'Hani, le chef des services secrets jordaniens, qui captive notre attention par son jeu d'une vigueur surprenante, le film est banal. Très, même. Le rôle de DiCaprio est intéressant et l'acteur performant, mais on à l'impression que son personnage est très semblable à son magnifique Billy Costigan dans "The Departed" et à son Danny Archer dans "Blood Diamond", tous des "badboys" au bon coeur qui, à l'éthique en lambeaux, opteront pour le bien, non pas sans difficultés. Certes, le film porte à réflexion quant à l'espionnage dont nous pouvons faire l'objet, du peu de scrupule face au sacrifice d'innocents ou encore de la torture qui est mise de l'avant, le reste est plat, vide, et profondément dénué de style.


C'est un film néanmoins intéressant, mais un peu long, qui vaut peut-être une écoute, mais pas plus, et entre écouter ce film ou revoir un James Bond - compte tenu de la sortie prochaine de "Quantum of Solace", optez pour l'adepte des Vodka-Martinis.

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