mardi 25 novembre 2008

Bullitt

Un modeste article sur Bullitt de Peter Yates, sorti en 1968, avec le grandissime Steve McQueen dans le rôle-titre.

Le lieutenant Frank Bullitt est chargé par un politicien ambitieux de protéger un certain Ross, qui se fait malheureusement tuer assez rapidement. À partir de là, tout s'emmêle et s'embrouille: Bullitt devient la malheureuse victime de manœuvres politiques douteuses, et il se retrouve traqué par un duo de tueurs qui tiennent manifestement à le transformer en chair à pâté.

J'ai deux raisons de ne pas tout vous raconter: premièrement, j'ai vu Bullitt il y a longtemps, et je ne m'en souviens plus très bien (oh la belle excuse), deuxièmement ça gâcherait le film pour ceux qui ne l'ont pas encore vu.

Je me contenterai de dire que Bullitt est un putain de bon film, avec un Steve McQueen magnifique, adroit, juste, une photographie superbe, un scénario remarquablement ficelé, et surtout l'une des plus belles courses-poursuites de l'histoire du cinéma. Cocktail très puissant et tout à fait délicieux, que je ne saurais trop conseiller, tant ce film est génial. On oscille entre polar néo-noir, intrigues politiques, intrigues policières, truands machiavéliques, et au milieu de ce monstrueux bordel, un homme qui se débat pour survivre et résoudre l'affaire qui lui est tombée sur les bras — et qu'on cherche à tout prix à lui retirer, car elle pourrait bien être explosive.

Mais je dois faire un paragraphe plus complet sur la fantastique course-poursuite qui a rendu Bullitt célèbre. Mettons-nous dans l'ambiance: les USA, années '60, les muscle cars... Bullitt est au volant de sa Ford Mustang fastback GT390 1967 verte, montée d'un V8 390ci d'un peu plus de 310ch. Une voiture réellement magnifique au ronronnement non moins magnifique. Les tueurs sont au volant d'un véritable monstre de la route: une Dodge Charger R/T de 1968 (avec les feux arrière ronds), montée de son extraordinaire V8 440ci de 375ch, noire comme la mort (je serais presque fier de cette comparaison facile et banale).

La course-poursuite véritable ne commence pas immédiatement: Bullitt, d'abord pris en chasse à une allure normale par la Charger, parvient ingénieusement à renverser la situation, et à coller au train de la Charger. Quelle n'est pas la stupeur du conducteur, quand il voit la Mustang de Bullitt apparaître dans son rétroviseur ! Après quelques centaines de mètres à une allure normale, la Charger accélère un grand coup, brûlant de la gomme sur le bitume. La musique s'arrête d'un coup, et la course-poursuite proprement dite commence, à près de 200 km/h.

Mais je vous laisse admirer cette scène hautement jouissive, car les images parlent mieux que moi:

dimanche 12 octobre 2008

Body of Lies



Body of Lies, c'est la rencontre de titans de l'industrie cinématographique. D'une part, le renommé Ridley Scott ("Blade Runner", "Alien" et plus récemment "American Gangster"), d'autre part William Monahan, un scénariste en vogue depuis qu'il a reçu l'Oscar pour le dernier Scorsese, "The Departed". Et derrière l'écran, pas moins que Leonardio DiCaprio et Russell Crowe, deux acteurs reconnus pour être intenses, appréciés des dames et avouons-le, très bons.


Le scénario prend racine au Moyen-Orient, en Irak actuel, avec Saddam pendu, et les Américains partout. Puis, on apprend qu'une cellule terroriste fait sauter diverses cibles européennes. On y rencontre Ferris (DiCaprio), un jeune agent qui se charge des tâches ingrates du gouvernement, dirigé par un bureaucrate de la CIA grassouillet, Hoffman, interprété par Crowe. On comprend rapidement où nous mènera le scénario: au plus profond de la guerre aux terroristes, nous trimballant tantôt en Jordanie, tantôt aux États-Unis, puis parfois en Irak. Toute l'histoire est suivie par l'oeil téléscopique des satellites, des cieux, et Scott nous fait bel et bien sentir deux choses: nous n'avons plus de liberté, et cette guerre est sale, corrompue, avilissante (merci de nous en aviser, M. Scott). Dans "Body of Lies", on n'hésite pas à sacrifier un informateur, à en torturer un autre ou à impliquer un innocent.


Alors, qu'est-ce que ça donne, en bout de ligne? Un Ridley Scott, c'est à dire un film de plus de deux heures, qui, comme la grande majorité des Ridley Scott, n'a pas vraiment de prologue, ni d'épilogue. On ne sait pas vraiment où il nous emmène, si ce n'est au coeur de la guerre, et encore là, il vient l'entrecroîser avec une histoire d'amourette très peu crédible et ennuyeuse, qui ne vient que mêler le spectateur. Les plans sont tantôt superbes, tantôt malhabiles. Les acteurs, connaissant leurs potentiels, sont relativement faibles, et même la transformation totale de Russell Crowe d'étalon à gros américain de la classe moyenne n'enrichit pas le personnage; en fait, Crowe est carrément sous-exploité et en tentant de rendre un personnage si peu présent aussi complexe (du genre: il n'y a ni bien, ni mal, que le pays), on à l'impression que le travail fut bâclé, mais ça on le doit sûrement à Monahan, qu'on croyait pourtant habile avec de telles distinctions. Peut-être étais-ce simplement le scénario de "Infernal Affairs", dont "The Departed" est un remake qui était clair, ou Scorsese qui était... Scorsese.


Alliant une histoire mal ficellée, une intrigue quasiment inexistante tellement elle est entrecoupée de sous-missions et de de la difficulté d'être un blanc voulant se tapper une jordanienne en pleine Jordanie, et des acteurs mal exploités, exception faite de Mark Strong ("Stardust") dans le rôle d'Hani, le chef des services secrets jordaniens, qui captive notre attention par son jeu d'une vigueur surprenante, le film est banal. Très, même. Le rôle de DiCaprio est intéressant et l'acteur performant, mais on à l'impression que son personnage est très semblable à son magnifique Billy Costigan dans "The Departed" et à son Danny Archer dans "Blood Diamond", tous des "badboys" au bon coeur qui, à l'éthique en lambeaux, opteront pour le bien, non pas sans difficultés. Certes, le film porte à réflexion quant à l'espionnage dont nous pouvons faire l'objet, du peu de scrupule face au sacrifice d'innocents ou encore de la torture qui est mise de l'avant, le reste est plat, vide, et profondément dénué de style.


C'est un film néanmoins intéressant, mais un peu long, qui vaut peut-être une écoute, mais pas plus, et entre écouter ce film ou revoir un James Bond - compte tenu de la sortie prochaine de "Quantum of Solace", optez pour l'adepte des Vodka-Martinis.

samedi 11 octobre 2008

Naissance des pieuvres

Premier long-métrage de Céline Sciamma, Naissance des pieuvres est une vraie perle. Ce qui est extraordinaire dans ce film, ce n'est pas son scénario: au contraire, celui-ci n'a rien de particulièrement original, ni de spécialement génial. L'été de leurs quinze ans, Floriane, Marie et Anne (respectivement Adèle Haenel, Pauline Acquart et Louise Blachère) découvrent l'amour et tout ce qui s'ensuit. Banal, me direz-vous. Sauf que sur ce scénario banal se déploie un film très beau, très maîtrisé, et qui ne tombe pas dans les clichés du teenager-movie à la American Pie.

Il y a, tout d'abord, la BO, signée Para One. Une musique très douce, un brin mélancolique et légère à la fois, relativement dépouillée. Vous pouvez en écouter quelques morceaux sur le MySpace du film. Ces nappes de synthé claires et lentes, un vrai délice.

Il y a, ensuite, les couleurs et la photographie. Le bleu froid et distant de l'eau où évolue l'équipe de natation synchronisée de Floriane. Le rouge brûlant du maillot de bain de cette même Floriane, ou de son rouge à lèvres: Floriane attisera, pendant tout le film, les passions. Le bleu et le rouge, la glace et le feu, reviennent tout au long du film, avec une maîtrise totale de la part de Céline Sciamma. La photographie, dans le film, est toujours parfaite: des plans idéalement cadrés, des travellings lents et précis, jamais une image en trop. Jamais on n'a l'impression que le caméraman joue au hasard avec le bouton de zoom, ni qu'il subit une brusque crise de Parkinson.

Il y a, enfin, la justesse du jeu d'acteurs (mais surtout d'actrices) et des dialogues. Un jeu simple, sans artifices, sans excès grotesques. Ce que les dialogues ont de remarquable, c'est leur modestie: pas de hurlements inaudibles, pas d'excès de paroles: les dialogues sonnent juste, et ne tombent pas dans une caricature grossière de l'adolescence. Mieux encore: Céline Sciamma a su écrire des dialogues pleins d'humour sans être ridicules, et ménager des moments plus «dramatiques» qui ne soient pas bassement théâtraux (dans le mauvais sens du terme). Chose ô combien difficile quand on écrit le scénario de ce qui aurait pu n'être qu'un nouveau teenager-movie «à la française» (il suffit de voir les dialogues ridicules de Plus belle la vie pour se convaincre que les scénaristes français ne savent pas écrire des dialogues qui tiennent la route).

Le résultat de tout cela est un film touchant, drôle, beau, simple — dans le bon sens du terme: à aucun moment le film n'est prétentieux ou moralisateur —, en somme un film à voir et à revoir, parce qu'on ne se lasse pas d'être émerveillé par toute la tendresse (oui, c'est Pi qui écrit ça) qui se manifeste à l'écran.

Hi folks.

Hello, ici Pi qui vous parle. J'ai eu comme l'idée de créer un nouveau blog, pour vous parler des films que j'aime (non, pas des pornos). Comme je suis un affreux flemmard, l'ami Phil va m'aider à nourrir ce modeste blog en écrivant pour vous des critiques qui sauront, je l'espère, vous inciter à aller voir les films qui nous ont plaqués sur notre fauteuil. Voilà.